Le BIM, les enjeux d’une méthode incontournable

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Le BIM s’impose de plus en plus comme une technologie indispensable dans le milieu de la construction. Pour en tirer pleinement profit, cependant, toute la culture d’entreprise doit évoluer de manière cohérente. Un défi de taille, surtout pour les plus petites structures.

La mutation numérique est en marche pour les acteurs de la construction, et elle promet d’accroître la compétitivité du secteur. En 2017, McKinsey estimait que la productivité sur site est susceptible d’augmenter de 50% grâce à l’utilisation de solutions digitales reposant sur le Big Data et l’internet des objets (IoT)1. Parmi les avancées prometteuses dans le secteur du bâtiment, le BIM (Building Information Modeling) occupe aujourd’hui une place de choix. De quoi s’agit-il ? D’un ensemble de processus qui rendent possible la collaboration pluridisciplinaire avec un modèle 3D évolutif contenant toutes les caractéristiques d’un bâtiment. La maquette numérique qui en résulte contient ainsi de l’information sur les différents éléments composant ce dernier : de la structure aux fenêtres en passant par la référence précise d’une poignée de porte.

Réduire les coûts

Swissroc Building Intelligence, cellule technologique du bureau Swissroc Architecture, est le fer de lance de l’innovation au sein du groupe Swissroc. Elle propose plusieurs services liés au BIM: la création et la gestion de projets en “big BIM”, du permis à la mise en service mais aussi la création de visites virtuelles à 360°, d’images de synthèse et de vidéos de commercialisation des bâtiments en construction. «Grâce au BIM, les modèles d’architecture, structure et technique sont ainsi assemblés virtuellement avant le début du chantier. Un outil de contrôle qualité permet également de mettre en lumière les éventuels problèmes de coordination des différentes parties prenantes», souligne Tom Doan, architecte et BIM Manager à Swissroc Architecture. 

En résolvant les imprévus, Swissroc Building Intelligence affirme pouvoir faire baisser les surcoûts de chantier et diminuer le temps de construction. Une meilleure fluidité des processus de transmission d’informations permet aussi de réduire la perte de données. De plus, l’information contenue dans les modèles BIM peut directement alimenter la préfabrication, ce qui fait du BIM un outil de choix pour répondre aux objectifs de la transition énergétique.

Amélioration de la qualité technique et environnementale des projets, raccourcissements des délais d’exécution, mais aussi réduction des incohérences et des malfaçons : le BIM procure indéniablement de nombreux avantages aux architectes, maîtres d’ouvrages, ingénieurs et utilisateurs finaux. Depuis 2021, la méthode est d’ailleurs devenue la norme des projets immobiliers publics2. Toute entreprise souhaitant répondre à un appel d’offres public en Suisse doit donc intégrer la transition numérique dans ses processus.

Adapter la culture d’entreprise

Cette intégration, cependant, ne va pas sans poser de nombreux défis. En effet, elle implique une modification en profondeur de la culture d’entreprise et exige la mise en place d’une infrastructure appropriée. Selon Bâtir Digital Suisse, ce processus nécessite de créer une « cohérence numérique de la chaîne de valeur entre tous les participants » afin de rendre utilisables les Big Data, véritable pont entre les planificateurs et les industriels, et l’intelligence artificielle, garant de la qualité des bâtiments à construire3. «Avec cette cohérence, les gains de productivité sont d’un grand potentiel», ajoute Tom Doan.

C’est un problème de taille à résoudre, en particulier pour les petites et moyennes structures. En Suisse, par exemple, 91% des 12’000 bureaux d’architectes que compte le pays sont des micro-entreprises de moins de dix employés, tandis que 85 % gèrent des projets dont le montant des travaux est inférieur à un million4. Pour ces bureaux, l’introduction des méthodes BIM s’apparente souvent à investir dans un avenir incertain.

Une approche pragmatique

Récemment, une équipe de recherche de la Haute-école spécialisée du nord-ouest de la Suisse (FHNW) s’est penchée sur la situation. Elle a constaté qu’une approche pragmatique est souvent adoptée : « Ce qui distingue les petits bureaux ­ouverts au BIM, c’est la souplesse de leur approche : plutôt que d’acheter le bouquet BIM dans sa totalité, ils préfèrent y prélever des fleurs individuellement ». Ils opèrent ainsi une sélection en fonction des besoins stratégiques, du donneur d’ordre, des partenaires de mise en œuvre et de la taille du projet.

Quoi qu’il en soit, l’attrait de tous les acteurs de la construction pour le BIM montre qu’au-delà du tapage médiatique, parfois excessif, autour de cette technologie, il ne s’agit pas d’un simple effet de mode. Dans le bâtiment, elle contribue à la transparence des coûts, à une meilleure efficacité opérationnelle, au respect des délais et à la stabilisation des processus. Malgré ces avantages, du chemin reste encore à parcourir avant que les technologies digitales soient pleinement intégrées à tous les niveaux de la chaîne de valeur.

1https://www.mckinsey.com/mgi-reinventing-construction-a-route-to-higher-productivity-full-report.pdf

2 https://www.bfh.ch/fr/actualites/news/2021/outils-pour-la-construction-numerique/

3 https://bauen-digital.ch/assets/Downloads/fr/180722-BdCH-Etapes-Evolution-web.pdf

4 https://www.espazium.ch/fr/actualites/bim-que-font-les-petits-bureaux

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