Interview : Albert Schrurs, un talent « made in » Suisse

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Rien ne le prédestinait à un tel parcours. C’est à la force de son talent et de ses idées qu’Albert Schrurs est devenu une figure incontournable du design et de l’architecture en Suisse. À la tête du studio de design et d’architecture Centdegrés Suisse, il collabore avec Swissroc depuis les débuts du groupe. Avec succès.

Albert Schrurs, pouvez-vous nous résumer les grandes étapes de votre parcours ?
J’ai débuté à l’EPFL à Lausanne avec des études d’architecture. J’ai ensuite connu mes premières expériences chez des architectes de renom, en Chine et au Japon, avant d’œuvrer chez Vuitton, à Paris. J’y ai découvert l’univers des marques, non pas en tant que consommateur ou client mais comme architecte. J’ai ainsi pu me familiariser avec le design, pour tous les éléments qui entourent une marque : le packaging, le design du produit lui-même, la PLV, tout ce qui concerne l’expérience client. Grâce à cette expérience, je me suis dirigé vers un Master en Design produit et industrie du luxe à l’ECAL de Lausanne. Je me suis ensuite dédié à Allegory Studio qui, quatre ans plus tard, a fusionné avec le groupe Centdegrés. Cela nous a permis d’atteindre des mandats impensables auparavant. Nous avons dépassé le périmètre de la start-up, puisque nous sommes aujourd’hui une entreprise de 13 personnes.

D’où vous est venue cette passion pour l’architecture et qu’est-ce qui vous inspire aujourd’hui ?
Étant plus jeune, j’étais bon en mathématiques et en géométrie. Je voulais essayer le dessin. J’ai eu la chance de beaucoup voyager, et de me rendre compte que l’architecture est omniprésente. La nature, le voyage, les villes… C’est d’ailleurs ce qui m’inspire aujourd’hui. J’ai vraiment découvert l’architecture à l’EPFL et de fil en aiguille, le choix s’est fait naturellement. C’est une véritable passion, je n’ai pas l’impression de travailler.

Pourquoi avoir décidé de fonder le bureau Allegory Studio ? L’entrepreneuriat vous a-t-il toujours passionné ?
C’est une question très philosophique. Est-on plus libre lorsqu’on est entrepreneur ou lorsqu’on est salarié ? Pour ma part, j’ai toujours voulu faire les choses rapidement. Je suis à la fois impatient et hyperactif, ce qui, je pense, doit être le point commun de nombreux entrepreneurs. Le lancement d’Allegory Studio s’est fait un peu par hasard. Avec un ami – mon ancien associé – nous avons gagné un concours lorsque nous étions étudiants. Nous avons accepté un premier mandat, puis un second, puis un troisième… C’est ainsi qu’est née notre activité à temps plein.

Quel est le panel de compétences couvert par Centdegrés en Suisse ?
Il est identique aux autres structures de Centdegrés, partout dans le monde. Tous nos projets ont un point commun : l’expérience client et les émotions, avec une réelle volonté de créer de l’intelligence dans le projet. Notre action couvre un champ de domaines très large : cela peut aller du nom d’une entreprise, à son logo, à tout l’univers graphique et l’identité visuelle. Nous pouvons travailler sur le packaging – tout ce qui va entourer le produit, le sublimer – autant que sur l’architecture globale du produit – les espaces, les scénographies, etc.
Le meilleur exemple est la réalisation de la boutique de la marque horlogère Romain Jérôme, menée en partenariat avec Swissroc. Nous avons travaillé sur le display, les vitrines, tous les petits éléments qui entouraient les produits. Nous avons repensé les intérieurs, selon un concept fort en lien avec la marque. Nous avons réalisé les ateliers horlogers, les coffres, tous les bureaux, le siège administratif.

Y a-t-il une signature Centdegrés ?
Avant tout, l’émotion et l’expérience client. Dans tous nos projets, il y a une volonté de faire les choses assez simplement, d’aller à l’essentiel. Nous essayons d’apporter, avec des gestes simples, des solutions qui améliorent le confort du quotidien.

Flux Cocoon, une installation originale conçue à l’occasion du festival Lausanne Lumières 2012 . Photo : Laura Rimayati

Qu’est-ce qui fait aujourd’hui la force de Centdegrés ?
Notre force, ce sont nos talents, les gens qui travaillent pour Centdegrés. C’est la raison pour laquelle le groupe porte ce nom. Chaque personne a ses responsabilités, son rôle dans l’entreprise. Nous puisons également notre force dans notre aspect local. L’entreprise donne l’impression d’être internationale, mais elle est extrêmement spécialisée à l’échelle du territoire. Notre plus-value, c’est de connaître localement les marchés, les normes, les tendances, de savoir comment les gens et les clients fonctionnent. A Shanghai, nos collaborateurs sont chinois, ils ont une connaissance approfondie de leur marché. Fort de cette expérience, le groupe a ouvert des bureaux à Pékin, Chengdu, et Hong Kong. Chaque ville a une culture qui lui est propre, il est très important pour nous de répondre précisément à tous les types de demandes.  

Sur quelle base recrutez-vous des collaborateurs au sein du bureau ?
Nous attachons une importance toute particulière au capital humain. Les collaborateurs sont là depuis longtemps, ils sont fidèles. L’objectif est de fédérer, que chaque personne recrutée puisse trouver sa place dans cette équation. On peut apprendre le métier, mais on ne peut pas apprendre à s’intégrer humainement. Notre premier critère est de s’assurer que l’équipe ne sera pas affectée par un recrutement. Ensuite, nous nous penchons sur les compétences du collaborateur, pour être sûr qu’il puisse assumer sa fonction.

Vous êtes, en outre, enseignant à la HEAD. Que vous apporte cette fonction ?
Cela m’apporte beaucoup. L’enseignement permet de garder un contact avec la réalité, le terrain. Lorsqu’on travaille derrière un bureau ou sur un projet toute la journée, il est difficile de rester au courant de toutes les actualités. Dans une école, on se doit d’être au goût du jour, au courant des dernières tendances. L’école forge les étudiants pour l’avenir, elle a tendance à être innovante, et expérimenter de nouvelles choses. L’enseignement me permet aussi de débaucher des talents, lors de workshops ou de stages.

Que retenez-vous de vos collaborations avec Swissroc ?
Nous avons eu des collaborations très intéressantes. Je connais le groupe et ses trois fondateurs depuis leurs débuts. Avec Xavier Canonica, nous nous sommes rencontrés lorsque nous avions dix ans ! C’est avant tout une relation d’amitié et de confiance. A nos débuts, sur certains rendez-vous de chantier, nous n’étions parfois que deux. L’évolution de Swissroc est impressionnante, et je suis ravi de voir que nous avons toujours autant de plaisir à travailler ensemble. Même si la dimension des entreprises a changé, le contact est toujours là.

En 2017, vous avez été désigné comme nominateur au Design Prize Schweiz. C’est une belle reconnaissance pour vous ?
C’est, en effet, une très belle reconnaissance. Nous n’avons pas le droit de postuler avec notre propre projet. Avoir l’opportunité de décerner le prix permet d’être considéré comme un expert dans le domaine. C’est très flatteur. C’est aussi l’occasion unique de rencontrer des gens en Suisse alémanique, car le prix du design suisse est basé à Langenthal. Il y a énormément de Zurichois, de Biennois, de Bernois, nous pouvons ainsi donner plus de présence à la Suisse romande dans le cadre du design en Suisse.

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