De nouvelles typologies de logement voient le jour en Suisse

À quoi ressemblera le paysage immobilier de demain ? De nombreuses recherches sont effectuées pour tenter de cerner les grandes tendances dans ce domaine. Les modes de vie de notre société contemporaine évoluent rapidement. Ils sont plus éclatés et plus mobiles. Les ménages changent. Ils sont désormais plus nomades, décomposés, recomposés ou vieillissants. Et leurs attentes en matière de logement se transforment en fonction.

L’impact du télétravail

La crise du Covid-19 a aussi eu un impact important sur la perception du logement privé. Elle a poussé les architectes à repenser les espaces de vie, de façon à les adapter au télétravail, dont la pratique est devenue courante pour un grand nombre d’individus. « Les gens sont attachés à travailler différemment qu’avant, souligne Didier Castelli, Lead architecte et directeur de Swissroc architecture SA. À cette réalité s’ajoutent des éléments plus conjoncturels, comme la hausse récente des coûts de l’essence. Si elle perdure, elle pourrait avoir un impact sur la volonté des travailleurs de prendre leur voiture chaque jour pour se rendre à leur travail.

Les coopératives d’habitation

L’évolution de la société se reflète ainsi dans l’évolution de l’habitat. Ce dernier a débuté une mue profonde, favorisée aussi par les préoccupations écologiques et environnementales. La densification et la transition énergétique sont ainsi au cœur des stratégies actuelles de développement urbain et immobilier. Dans certaines villes se développent aussi les habitations à caractère social. À Zurich, par exemple, les coopératives de logement ont le vent en poupe depuis dix ans. On y trouve 60 000 des 140 000 logements coopératifs de toute la Suisse[1]. Le principe de fonctionnement de ces habitations est simple : des personnes se groupent, fondent une coopérative dont ils sont actionnaires, laquelle société construit des logements qu’elle loue à ses membres. Étant sans but lucratif, elle loue ses logements moins chers que le prix du marché.

Dépasser la standardisation du marché

Bien que dynamique, cette tendance n’en demeure pas moins encore minoritaire. Durant les dernières décennies, les modes de production, les stratégies d’investissement et la réglementation appliquée à la conception ont conduit à une standardisation des typologies de logement, en locatif ou à la vente. Cette standardisation est en train de changer. « Mais pour l’heure, la plupart des projets immobiliers proposent encore des typologies assez standard en raison de la demande du marché. Proposer autre chose, c’est souvent prendre le risque de ne pas vendre ou louer le bien en question », souligne Didier Castelli.Il faut dire aussi que les temps de gestation des projets immobiliers sont extrêmement longs en Suisse : environ dix ans pour les grands ensembles. Le fait est qu’aujourd’hui, les logements « innovants » avec coursives et espaces de rencontres, les lofts, etc., ne sont pas encore dans les mœurs helvétiques. Il existe également certaines contraintes de marché difficiles à contourner pour des raisons financières. Ainsi, il est acquis qu’un 3 pièces vaudois fera entre 74 et 85m2. Autre exemple : la hauteur sous plafond ne dépassera que rarement le minimum légal, qui est de 2m40.

Optimiser l’espace

Certains développeurs, à l’image de Swissroc, explorent cependant de nouvelles réflexions dans les projets immobiliers qu’ils développent. « Nous proposons des pièces plus polyvalentes, explique Didier Castelli. Nous avons également le souci d’optimiser l’espace à disposition. Nous essayons de faire des appartements sans couloirs, et le plus ouverts possibles ». Dans un projet en développement à Pully, par exemple, Swissroc a pris un risque typologique. Le groupe a imaginé des appartements dont l’entrée est en façades sud, et directement dans l’espace de séjour. Un souci est également apporté aux espaces extérieurs. Ainsi, les balcons sont généralement agrandis afin que les utilisateurs puissent véritablement en profiter.

Dans un autre projet de logements à Lutry, Swissroc a adopté une approche également originale: toutes les pièces ont une ouverture (fenêtre) donnant sur le lac, au sud. Dans ce projet, les équipes de Swissroc Architecture ont pensé à inclure toutes les commodités disponibles dans une villa, c’est-à-dire un espace cave et buanderie, ainsi qu’une zone de bricolage ou de jeu, autant de pièces habituellement non présentes dans des appartements de 90m2. Le tout se trouve sur un seul étage, ce qui évite de devoir se rendre au sous-sol pour accéder à sa cave. Chaque appartement possède aussi une terrasse avec Pergola.

La conception des espaces intérieurs des logements fait également l’objet de réflexions particulières. La tendance est désormais à la suppression des baignoires, qui sont remplacées par des douches (pour des raisons d’économie d’eau). La chambre parentale est aussi souvent composée d’un dressing et d’une salle d’eau privative. Dans toutes les pièces, un souci est apporté à la luminosité, avec des baies vitrées et un maximum d’ouvertures. Des adaptations sont également faites pour les personnes à mobilité réduite.

Les logements intergénérationnels

L’habitat s’adapte également au vieillissement de la population. Aujourd’hui, la très grande majorité des personnes âgées déclarent vouloir vieillir à domicile. Face à cette situation, de nombreuses typologies de logements ont émergé ces dernières années. Parmi celles-ci, le logement protégé, à savoir un appartement indépendant et autonome conçu pour permettre le maintien à domicile des personnes âgées ou handicapées. Il s’agit de logements adaptés, offrant un cadre sécurisant. Des prestations médico-sociales y sont dispensées et des espaces communautaires (salon et cafétéria notamment) sont mis à disposition, offrant ainsi des possibilités de contacts et d’échanges. L’habitat intergénérationnel est un concept dans lequel Swissroc a décidé d’investir, à travers le projet Neavita, dont la première résidence est en train de voir le jour à Saint-Gingolph. A noter encore que Swissroc a utilisé la technique du préfabriqué dans les salles de bains de ces logements. Le groupe a notamment collaboré avec l’architecte italien Umberto Zanetti pour cette phase. 


[1] https://www.espazium.ch/fr/actualites/zurich-lincroyable-dynamisme-des-cooperatives-de-logement

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