Christophe Lacaste, Conti & Associés Ingénieurs S.A. : “L’indépendance énergétique est un enjeu majeur pour nos sociétés”

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Ingénieur de formation dans les systèmes thermiques, Christophe Lacaste est associé depuis dix ans au sein du bureau Conti & Associés Ingénieurs S.A. qui collabore avec Swissroc Construction, l’une des deux entreprises générales de Swissroc Group, notamment sur des chantiers de rénovation. En première ligne sur les sujets liés aux énergies renouvelables, le bureau, situé à Versoix, a également incorporé la méthodologie BIM à ses projets.

Le bureau a été fondé il y a plus de 30 ans. Pouvez-vous nous raconter son histoire ?

Le bureau Conti & Associés Ingénieurs S.A. a été fondé par Ettore Conti il y a 36 ans. C’est un personnage, à la fois humain et avant-gardiste, qui a toujours cru en les énergies renouvelables. En 2009, il a proposé à deux de ses collaborateurs, Yann Grandjean et moi-même, de reprendre le bureau. Nous avons accepté de relever ce challenge. Aujourd’hui, nous sommes mandatés principalement sur des chantiers liés à la performance énergétique, sur des réseaux de chauffage urbain par exemple.

Pourquoi cette spécialisation dans les systèmes énergétiques ?

Nous nous considérons comme des ingénieurs généralistes, même si nous sommes spécialisés dans la thermique du bâtiment. L’indépendance énergétique est un enjeu majeur pour nos sociétés. Il y a aujourd’hui un gros potentiel d’optimisation en matière d’énergétique dans le bâtiment sur la place genevoise. De façon générale, il y a une prise de conscience de la nécessité de faire un effort environnemental.

Les bureaux Conti & Associés Ingénieurs S.A.

Notre bureau s’est engagé depuis quelques années déjà dans les principes du développement durable, au-delà de nos projets : dans la réduction au niveau des impressions, le tri interne, l’achat d’un vélo électrique, etc. Nous avons fait l’acquisition de nos locaux en 2018, nous nous trouvons désormais dans un bâtiment labellisé Minergie et alimenté en chaud et en froid par l’eau du lac.

Comment se matérialisent les ressources en énergie à Genève ?

Selon que l’on se trouve sur la rive gauche ou la rive droite du Léman, nous avons plusieurs vecteurs énergétiques à disposition. Au-delà du solaire et du photovoltaïque, la principale source d’énergie renouvelable, c’est le lac. De nombreux projets sont développés autour de l’utilisation de l’eau du lac par les autorités genevoises. À Versoix, elle est exploitée pour rafraîchir ou chauffer certains bâtiments de la commune, notamment celui que nous occupons. Le canton de Genève a un parc immobilier relativement ancien et l’enjeu principal est la rénovation de ces bâtiments. Un réseau de chauffage urbain renouvelable utilisant l’eau du lac permettrait d’apporter des solutions concrètes et durables pour ce type de projets.

Quel est le rôle de l’ingénieur thermicien ?

Le thermicien a un rôle prépondérant dans l’évolution du projet, intervenant principalement sur l’enveloppe thermique du bâtiment. Une donnée indispensable pour garantir à la fois le confort hivernal (et estival), la qualité de l’air intérieur, la consommation électrique des installations techniques présentes dans le bâtiment… Nous devons obligatoirement intégrer une part d’énergies renouvelables à nos projets. L’enjeu est de réduire au maximum l’utilisation des énergies fossiles.

Quelles sont les qualités requises pour être un bon ingénieur ?

Au-delà des bases techniques nécessaires, les valeurs humaines sont primordiales. Nous devons être ouverts et innovants.  La communication est au centre de toutes nos discussions. Nous sommes appelés en tant qu’assistant maître d’ouvrage et nous devons nous coordonner avec les architectes. Nous devons trouver un consensus entre, d’une part, leurs exigences en termes d’esthétique, et d’autre part, les contraintes techniques et thermiques du bâtiment.

Quelles sont les difficultés auxquelles vous pouvez faire face ?

Nos principales difficultés se concentrent sur les projets de rénovation. Lorsque nous intervenons sur un projet d’implantation d’un restaurant dans un vieux bâtiment au cœur de Genève, nous faisons face à des contraintes liées à la ventilation, au renouvellement de l’air, etc. De nombreux édifices sont à la dérive énergétique. Grâce à notre maîtrise du controlling (suivi et optimisation) énergétique, de la régulation et de la domotique, nous essayons de gérer au mieux ces problématiques.

Comment mettez-vous en oeuvre le Building Information Modeling au sein du bureau ?

Il y a un changement de génération dans le domaine de la construction. Le Building Information Modeling n’est pas une nouveauté au sein du bureau, nous dessinons en 3D depuis déjà plus de 10 ans. Dans la mesure où nous avons des installations techniques de grande envergure (ventilation notamment), le BIM nous permet de faciliter la coordination technique de nos appareils et détailler leurs encombrements aux architectes, maîtres d’oeuvre, aux directions techniques.

Le BIM permet de se poser les bonnes questions relatives à la vie du bâtiment, de faciliter la tâche de la personne qui l’exploite et permet une meilleure optimisation énergétique. L’intelligence artificielle est une révolution, c’est une évidence. Il faut lier davantage, dans le futur, la construction et l’exploitation de l’ouvrage.

Comment se matérialise votre collaboration avec Swissroc Construction ? Quel regard portez-vous sur l’entreprise générale ?

Swissroc Construction est une entreprise qui a cassé les codes de la construction, avec une approche différente : celle de managers, de fédérateurs, à la façon d’un capitaine d’une équipe de rugby. Ils sont garants de l’aspect économique, des délais du chantier. Ils savent trouver des solutions pragmatiques, en adéquation avec les besoins de chacun. Nos premières collaborations ont essentiellement porté sur des préavis thermiques (demande d’autorisation de construire) puis nous avons travaillé ensemble sur le projet de l’Hôtel Rousseau. Swissroc Construction joue un rôle de médiateur, à l’écoute de tous les acteurs du projet. C’est pour moi la meilleure approche.

Vous venez de citer le projet de rénovation et surélévation de l’hôtel Rousseau, au centre de Genève. Quelles ont été les particularités d’un tel chantier ?

Nous avons hérité d’un dossier complexe, qui a nécessité de nombreuses séances, avec des avis divergents. Nous avons du intervenir dans un espace exigu et installer des solutions énergétiques adéquates tout en tenant compte des problématiques liées au bruit, à l’espace, ou aux contraintes légales. Lorsqu’on pose une pompe à chaleur, on doit prendre en compte les nuisances acoustiques. Idem lorsqu’il s’agit de panneaux solaires sur la toiture, il faut s’assurer que la législation en vigueur le permet.

Le projet de rénovation et surélévation de l’hôtel Rousseau.

Quelle a été la nature de votre collaboration sur le projet Les Crêts de Cologny* ?

Nous étions mandatés pour l’installation CVS (chauffage, ventilation et sanitaire). Notre approche a été plus pragmatique : une étude de faisabilité, une demande d’autorisation incluant notre concept énergétique, l’établissement de notre cahier des charges, tout en respectant les budgets alloués. Nous étudions toujours les vecteurs énergétiques à notre disposition, pour la production de chaleur comme la production de froid, pour trouver la solution optimale.

 

*Les Crêts de Cologny : projet de construction de huit résidences de standing.

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