Béton recyclé, terre crue, paille ou bois… les matériaux écologiques renouvellent le secteur de la construction

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Les matériaux de construction ont un impact fort sur l’environnement durant tout leur cycle de vie. Recourir à des matériaux renouvelables ou recyclés, peu gourmands en énergie et disponibles localement (pour éviter les transports) est donc fondamental afin d’améliorer la durabilité du bâti. C’est d’autant plus important que le parc immobilier helvétique est extrêmement énergivore. Il génère environ un quart des émissions de CO2 du pays, et absorbe près de la moitié de ses besoins énergétiques. Tour d’horizon de quelques matériaux de construction plus écologiques qui existent sur le marché.

Le béton recyclé

Aujourd’hui, 84% de la production de déchets en Suisse, soit 74 millions de tonnes, est issue du secteur de la construction, principalement des déchets d’excavation et de démolition[1]. « Si deux tiers environ des matériaux de démolition sont recyclés, l’utilisation de béton recyclé reste encore faible dans les chantiers (seulement 20% environ), essentiellement pour des raisons économiques », souligne Didier Castelli, directeur de Swissroc Architecture SA. Il s’agirait pourtant d’un pas important vers une économie circulaire dans le secteur.

En effet, le gravier et le sable, matières premières composant plus de 80 % du béton, peuvent théoriquement être remplacées par des composants issus du recyclage (granulats de démolition). Avec le béton recyclé, cependant, il faut davantage de matière pour atteindre des propriétés physiques similaires au béton traditionnel[2]. Ainsi, pour un mur porteur par exemple, il faudra ajouter de l’épaisseur. S’il n’apporte donc pas une solution idéale, le béton recyclé constitue néanmoins une réponse intéressante. En mettant à profit des matières récupérées, les ressources naturelles sont moins sollicitées et les déchets deviennent moins encombrants. Consciente de ces avantages, Swissroc Architecture utilisera du béton recyclé dans un projet de villas en cours de développement à Epalinges (Vaud). Toutes les villas de ce projet seront en structure bois et eternit, et les sous-sols seront en béton recyclé. 

La terre crue

Matériau disponible aux avantages multiples, la terre crue a longtemps fait partie de notre patrimoine architectural avant d’être oubliée, puis redécouverte en Suisse. La technique du béton de terre coulé permettrait notamment de valoriser les terres d’excavation, qui s’amassent chaque année en raison de l’accroissement du nombre de chantiers. A eux seuls, les cantons de Vaud et de Genève produisent 4,8 millions de m3 de terres d’excavation chaque année. Ces terres sont légalement considérées comme des déchets et finissent dans des décharges. Or, l’espace pour les stocker commence à manquer dans l’Arc lémanique : le canton de Genève en exporte déjà 45% (25% en France voisine). Dans le canton de Vaud, les espaces de stockage arriveront à saturation en 2023[3]. La valorisation de ces terres d’excavation est donc un enjeu de taille, susceptible de favoriser l’émergence d’une plus grande durabilité dans le secteur de la construction. « De nombreuses recherches sont actuellement menées pour développer ce matériau et industrialiser sa production, ce qui le rendrait plus viable économiquement », ajoute Didier Castelli.  

Le bois 

Le bois est revenu en force dans la construction au début des années 2000. Il faut dire qu’il présente de nombreux avantages : modularité et précision de mise en œuvre, excellent rapport poids/performance, montage rapide et économique, excellente capacité thermique, avantages écologiques d’une ressource renouvelable et déconstruction ultérieure largement assurée. « Le bois peut également être utilisé pour les fenêtres, en remplacement du PVC, produit à base de pétrole. Il demeure en revanche plus cher que le béton, ce qui limite son utilisation principalement aux villas », informe Didier Castelli. Mais des recherches sont entreprises pour démocratiser son emploi dans les immeubles d’habitation de 30m de haut[4]. Le bois se prête également très bien à la préfabrication, une technique de plus en plus utilisée en Suisse, en particulier dans les bâtiments de moyenne hauteur, comme des halles de stockage, des immeubles locatifs peu complexes ou des bâtiments de loisirs. Swissroc étudie aujourd’hui de très près les avantages du préfabriqué bois. La technique a notamment été utilisée dans une villa individuelle à Veigy, dont Swissroc a réalisé les plans. 

La laine de roche 

En matière d’isolation, un grand nombre de solutions existent afin d’éviter les panneaux de sagex ou les matières synthétiques à base de pétrole. La laine de roche est une option de plus en plus utilisée. Elle protège contre le froid et la chaleur, et stocke la température ambiante. Elle permet donc d’économiser de manière significative sur les coûts de chauffage. Il s’agit en outre d’un produit incombustible, idéal pour une protection contre les incendies. La laine de roche a été utilisée par Swissroc dans le projet de villas à Epalinges, mentionné ci-dessus. 

La laine de bois

La laine de bois est l’un des isolants écologiques les plus populaires du moment. En tant qu’isolant naturel, elle possède les mêmes propriétés thermiques et acoustiques que les autres isolants synthétiques, sans les inconvénients et les impacts négatifs sur l’environnement. C’est un excellent isolant pour murs extérieurs. Elle permet de conserver la chaleur en hiver, et de maintenir un habitat frais en été. La laine de bois possède aussi de bonnes propriétés acoustiques  et assure ainsi une excellente insonorisation. Elle est aujourd’hui très utilisée, notamment dans les toitures.

La paille compressée

La paille compressée provient de paille de céréales (souvent du blé) produites par les botteleuses agricoles. Il s’agit d’une méthode de construction très écologique puisqu’elle utilise un sous-produit de l’agriculture disponible en abondance. Les murs obtenus sont très isolants et perméables à la vapeur d’eau. Préservé de l’humidité, ce matériau est bien plus résistant et durable qu’on peut l’imaginer. Le risque d’incendie est très faible, car la paille est bien tassée et recouverte d’un enduit. C’est une méthode idéale pour des maisons familiales, moins pour des immeubles à plusieurs étages. Un système lituanien de panneaux préfabriqués EcoCocon a fait son apparition en Suisse il y a quelques années[5]. La paille est compressée dans les structures en bois qui sont ensuite transportées et facilement assemblées sur les chantiers. Ce système ingénieux séduit de plus en plus de propriétaires et architectes.

Swissroc a pour ambition d’être à la pointe du marché en matière de construction durable. Dans cette optique, les techniques écologiques présentées ci-dessus sont à l’étude et sont déjà utilisées dans quelques projets portés par le groupe. Nul doute qu’elles seront de plus en plus intégrées à l’avenir à mesure que le marché les rendra plus rentables.


[1] https://www.letemps.ch/economie/beton-recycle-peine-simposer

[2] https://www.espazium.ch/fr/actualites/beton-en-mutation

[3]https://www.vd.ch/fileadmin/user_upload/themes/territoire/construction/carrieres_gravieres/fichiers_pdf/DGE_GEODE_Rapport_2019_V2.pdf

[4] https://www.espazium.ch/fr/actualites/lessor-du-bati-en-bois

[5] https://www.lamaisonnature.ch/wp-content/uploads/2016/11/TN_Ecococon.pdf

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