« Une décision positive » : Alexandre Roudaut revient sur l’annonce du Grand Conseil pour l’assainissement du parc immobilier genevois

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Hugo Ferrandis

Le 24 mars dernier, le Grand Conseil genevois a voté un crédit d’investissement historique d’un milliard de francs pour l’assainissement énergétique du parc immobilier de l’Etat. Plus de 1 500 bâtiments sont concernés par ce programme. Cette annonce représente une véritable avancée pour atteindre les objectifs climatiques fixés par le canton. Pour en savoir plus sur ce sujet, nous avons pu nous entretenir avec Alexandre Roudaut, Responsable du Pôle Rénovation Energétique chez Swissroc. Il revient pour nous sur les points clés de ce plan, les implications potentielles pour le Groupe ainsi que sur les possibilités d’avenir pour aller plus loin.

En tant que Responsable Rénovation Énergétique de Swissroc, comment réagissez-vous à cette importante annonce du Grand Conseil Genevois ?

Alexandre Roudaut : C’est évidemment une décision positive. C’est tout d’abord quelque chose qui va dans le bon sens en termes d’engagement pour la durabilité, et qui va par ailleurs créer de l’emploi à court et moyen terme, puisque la plus grande partie du milliard octroyé sera destinée à la rénovation des enveloppes et à la production des bâtiments cantonaux. L’enjeu pour le Grand Conseil va être à présent de trouver les bons partenaires – entreprises totales ou générales – afin de gérer au mieux cet afflux de moyens et ce surcroît important d’activité.

Comme vous venez de l’évoquer, la majeure partie du milliard de francs suisses investi est destiné à la rénovation de l’enveloppe des bâtiments. Pourriez-vous rappeler ce que cela implique concrètement ?

Pour faire simple, l’enveloppe désigne tout ce qui sépare les parties chauffées des parties froides du bâtiment. Il y a donc bien sûr la façade, mais aussi toutes les ouvertures comme les fenêtres ou les portes-fenêtres, sans oublier la toiture. La rénovation des enveloppes a donc pour but d’augmenter la performance énergétique de ces parties-là.
Pour les façades, nous isolons généralement par l’extérieur, sauf qu’à Genève, beaucoup de façades sont en pierre et souvent classées, ce qui oblige à isoler par l’intérieur, et donc déranger les occupants. De même pour les fenêtres, qui demandent une réelle expertise dans l’assemblage de menuiseries qui doivent avoir des performances d’isolation bien supérieures et des vitrages bien plus épais que ce qui se faisait à l’époque.
Enfin, une attention particulière est portée aux toitures, puisqu’on sait que la chaleur est environ 30% de l’énergie s’échappent par cet endroit-là. Suivant le classement des toitures, qu’elles soient en pente ou plates, l’amélioration de leur isolation s’avère capitale.
La qualité de l’enveloppe du bâtiment est un facteur déterminant, qui influence la quantité d’énergie que l’on consomme pour le chauffage, la climatisation et la ventilation. Cela fait donc tout à fait sens que la plus grande partie de cet investissement s’y dirige.

Quelles peuvent être les conséquences d’une telle décision sur l’activité de votre pôle chez Swissroc, justement consacré à la rénovation énergétique ?

Elles sont bien sûr positives. Nous sentons déjà bien que les institutionnels se mobilisent et commencent à investir. Pour l’instant, ils sont subventionnés lorsqu’ils font des rénovations à haute performance, et c’est très bien que le canton de Genève suive le mouvement. De notre côté, nous avons acquis, au fil des années et des projets, l’expérience nécessaire pour les accompagner, pour déterminer les atteintes de performance des bâtiments, écrire le programme, l’exécuter, livrer les bâtiments rénovés puis poursuivre la collaboration si tout s’est déroulé correctement. Nos spécialistes peuvent agir plus en amont des processus, dans l’accompagnement des institutionnels sur le dimensionnement et le design, afin de mieux appréhender la partie exécution qui suit.

Cette annonce va dans le sens des actions déjà menées par le Groupe Swissroc. Pouvez-vous nous parler de vos projets phares récemment achevés et à venir ?

L’ensemble de nos compétences sur les sujets ont été regroupés dans un pôle dédié en janvier. Nous travaillons notamment sur deux projets importants, soit l’équivalent de 180 logements, justement centrés sur la rénovation énergétique de l’enveloppe des bâtiments. Situés à Genève et à Lausanne, ils ont la particularité de se dérouler en site occupé, ce qui implique une importante planification et pédagogie. Ce genre de travaux peuvent évidemment faire peur ou importuner les occupants, mais nous sommes là pour leur faire comprendre que cela leur apportera un confort de vie nettement supérieur au quotidien, tout en diminuant leurs charges grâce aux économies d’énergies réalisées.
Nos clients soulignent surtout notre apport de solutions techniques et notre capacité à tenir les plannings.
Concernant les investissements du groupe Swissroc, nous pouvons par exemple parler du projet de Bulle, sur lequel nous avons notamment augmenté la performance énergétique de la façade par rapport au permis de construire. Nous avons réussi à convaincre un maître d’ouvrage qu’il fallait investir dans l’enveloppe du bâtiment, sur du neuf, pour être moins énergivore à l’avenir, et donc rendre le bâtiment plus attrayant dans le temps.

Pour finir, quels sont selon vous les autres défis à relever pour aller encore plus loin dans cette démarche d’assainissement du parc immobilier genevois ?

Je pense qu’il y a en premier lieu la production de chaleur, puisqu’une grande partie de nos installations existantes fonctionnent soit au gaz de ville soit au mazout. Il y a aussi la production d’électricité, avec l’ajout de panneaux solaires qui produisent de l’énergie seulement grâce aux rayons du soleil, et je pense que nous pourrions travailler sur d’autres sources d’énergie comme l’eau ou l’éolien urbain, par exemple. Nous suivons de près les chercheurs qui ont des idées intéressantes, et pour aller plus loin dans l’assainissement des parcs immobiliers, notre prochain défi réside dans notre capacité à laisser la place à l’innovation, à essayer de nouvelles solutions puis les pérenniser.
Une fois qu’on diminue nos besoins en énergie, qu’on améliore les rendements énergétiques des bâtiments existants, l’étape suivante consiste à auto-produire. L’autoproduction, l’autoconsommation et la production par petits points permet aussi de ne pas changer le réseau de distribution électrique. Aujourd’hui, les infrastructures réseau fonctionnent, mais si tout le monde les sollicites sans produire, celles-ci vont finir par avoir du mal à supporter la pression. Selon moi, il faudrait donc que l’on dispose de plus de producteurs à l’échelle locale, du quartier jusqu’au pays entier, et que chacun réfléchisse à comment mieux manier la quantité de producteurs par rapport à la consommation de chaque zone pour éviter de surcharger le réseau et les transferts d’énergies inutiles. Ces possibilités d’optimisation de production d’énergie sont en tout cas systématiquement intégrées dans les études de chaque projet mené par les équipes de Swissroc.

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